J’adore la poésie. Les poèmes ont le pouvoir de dépeindre un tableau entier en quelques mots. Mais le plus remarquable, c’est que souvent j’y trouve ma propre vie décrite… surtout lorsque je voyage.

Je me souviens d'une expérience plutôt étrange qui a changé ma vie lors d'un week-end de séminaire théâtral en Allemagne. Je participais à un jeu de rôle inspiré du Seigneur des Anneaux où le maître de jeu nous avait envoyés dans la forêt avoisinnante de nuit, avec pour mission d’aller à la recherche d’un elfe. Je ne me souviens pas de grand-chose de ce jour-là, mais je n’oublierai jamais le bruit des gouttes de pluie sur les feuilles de ces grands arbres allemands, alors que nous marchions dans un silence total pour ne pas réveiller les animaux de la forêt. C’est à ce moment que tous nos sens se sont éveillés, comme si nous devenions nous-mêmes les habitants de cette forêt. J'ai réalisé que découvrir la beauté nécessite un effort permanent: la sensibilité, la capacité d’adaptation, savoir reconnaître la beauté qui nous entoure, les petites choses qui se révèlent grandes seulement si nous prenons le temps de les observer. Et bien sûr, je me souviens des amitiés nouées avec les autres participants de ce week-end, brisant toutes les barrières linguistiques.

Au fil des années, voyager est devenu pour moi exactement cela: la somme de silences, d’observations et d’attention portée aux petits détails des belles choses. La Grèce en est une toile avec son histoire, ses couleurs et ses contrastes.

Et comme le dit l'un de mes poètes grecs préférés…

Tu peux créer de nouvelles histoires rien qu’avec du ciel et du sel.
Qui rappellent un peu d’automne, beaucoup d’été et cet infini Printemps.

Menelaos Lountemis