Elissavet
AccompagnatriceJe me souviens qu'à 17 ans, mon ami m'a demandé quels étaient mes projets de vie. Sincèrement, je n'en avais aucune idée.
J'avais quelques images éparses de comment je m'imaginais. Comme des photos. La seule chose en commun c'était que toutes ces images étaient dans des contrées lointaines, avec des paysages exotiques et des cultures distantes.
Vivre à l'étranger était quelque chose dont je rêvais beaucoup comme enfant. C'était le changement constant et l'excitation pour les nouveautés qui m'attiraient. Sans savoir que vivre à l'étranger ne nécessitait pas forcément de monter à cheval avec des Amérindiens, de découvrir des trésors cachés comme Indiana Jones ou de traduire pour l'ONU, j'ai (inconsciemment) tout fait pour réaliser ce rêve : m'éloigner d'un environnement surprotégé communément appelé « foyer familial ». Et, juste comme ça, trois ans plus tard, ma vie a été bouleversée : j'ai obtenu exactement ce que je voulais. Un billet pour étudier à l'étranger.
On dit que l'ignorance est une bénédiction, et je ne pourrais pas être plus d'accord. Je n'avais aucune idée que les années à venir seraient les plus heureuses et les plus difficiles de ma vie. Si vous avez déjà quitté votre ville natale, vos amis d'enfance et les avantages d'être le plus jeune de 3, vous me comprendriez. D'un côté, je pensais : Je vis le meilleur moment de ma vie (aussi cliché que cela puisse paraître, c'était une vérité absolue) mais, de l'autre côté, certaines personnes que je considérais comme importantes quittaient ma vie, laissant la place à d'autres d'entrer. Et de repartir. ... Je suppose que c'est juste comme ça que ça se passe, non ?
De mes 21 à mes 25 ans, j'ai vécu dans 3 pays différents. Vous conviendrez que j'ai eu plus que ce que j'avais souhaité. Depuis les 10 dernières années, je vis ici, à Athènes. L'amour m'a amené en Grèce. Et c'est ici, au pays des plus grands philosophes, que j'ai compris quelque chose : la mentalité des immigrants et des expatriés. Cette sensation inhabituelle quand il faut être courageux (même si on ne l'est pas), construire sa vie à partir de zéro, se présenter constamment, comprendre le manque de compréhension des autres, se faire de nouveaux amis, lutter pour être accepté, apprendre à être rejeté, faire des compromis, apprendre à vivre avec moins de confort et être plus ouvert d'esprit. Tout cela mélangé à un sentiment d'extrême mal du pays. ... Ça sonne bien, n'est-ce pas ? Eh bien, non. Ça ne l'est pas. Ça ressemble à une vie et c'est suffisant pour moi.
Vous savez, même si je n'avais pas misé sur tout cela à 17 ans, avec mon image idéalisée de la vie à l'étranger, en fin de compte, je suis reconnaissante pour toutes les choses que j'ai apprises jusqu'à présent. Elles m'ont endurci et ont repoussé mes limites. Je ne pense pas que je changerais quoi que ce soit.